Lettre de Raymond Domenech à Gerard Houillier : "Les épaules toujours plus larges" au nom de l'intérêt supérieur du foot ou de M. Houllier!

Mon cher Gérard, j'ai les épaules larges ! Comme ça, on sait immédiatement de quoi nous parlons. J'ai les épaules larges au point de pouvoir garantir à chacun -toi y compris- un passage sans danger devant un miroir.
Mon cher Gérard, J'ai lu récemment dans un article que tu t'étais livré au délicat exercice de l'autobiographie. Et là, tout à ton travail d'auto-célébration, tu glissais au passage que j'étais LE responsable de ta défaite (3 à 2 au Parc des Princes à Paris) contre Israël en 1993. 22 ans et trois jours plus tard, un constat s'impose : Dieu que tu as de la mémoire à moins que ce ne soit de la rancune tenace.
Tu as raison Gérard -et tout le monde le sait : tu as toujours raison-, je suis responsable de cette défaite à domicile. Ce n'est pas toi, c'est moi, oui c'est moi qui ai mis à la mi-temps du match contre Israël alors que nous menions encore (2-1) les verres de champagne dans le vestiaire ainsi que les drapeaux américains pour fêter TA qualification au son de Joe Dassin "l'Amérique, l'Amérique". je hais tellement l'Amérique que mon bonheur était à son zénith.
Tu l'avais sans doute oublié mais je suis aussi responsable de la défaite en demi-finale de la Coupe du Monde de 1958 de la France contre les Brésiliens (5 à 2). Bon j'avais 6 ans, mais j'aimais tellement le beau jeu à l'époque que j'ai dû prier très fort pour que les Bleus de Piantoni-Kopa-Fontaine perdent.
C'est moi qui ai dit à Harald Schumacher de plomber Patrick Battiston en 1982 en demi-finale de coupe du Monde à Séville et à Didier Six et Maxime Bossis de manquer leur tir au but. J'aime tellement le foot allemand que je voulais voir nos amis d'Outre-Rhin gagner. C'est évident!
Dois-je continuer mon autocritique quasi-stalinienne et reconnaitre que c'est toujours moi qui en 1978 lors de la Coupe du Monde en Argentine ai rudoyé l'arbitre pour qu'il siffle un penalty pour une faute de main de Marius Trésor. J'aimais tellement la dictature de ce pays que j'avais envie vraiment d'assurer la qualification de l'équipe des Généraux. Et par voie de conséquence l'élimination de la France.
Je me souviens encore de ce quart de finale de l'Olympique Lyonnais que tu dirigeais en Ligue des Champions face au Milan AC en 2006 où j'ai changé depuis les tribunes ton organisation en sortant Sydney Govou pour un jeu plus défensif à 7 minutes de la fin, tu sais que j'adore ça, et faire rentrer Anthony Réveillère. Le résultat que je souhaitais est arrivé, à force de défendre ton équipe a pris ce but qui l'éliminait, 5 minutes après le remplacement. J'aime tellement les Italiens, tout le monde le sait.
Passons vite, sur la Coupe du Monde en Corée du Sud où j'ai motivé les Sénégalais pour infliger aux Bleus de Roger Lemerre cette défaite historique (1-0), j'aime tellement l'Afrique (et là c'est vrai!).
Enfin bien sûr c'est moi qui ait poussé Kostadinov, lors de ce mémorable match contre la Bulgarie que tu dirigeais en 1993. J'ai hurlé : "tire-tire". Il l'a fait. Si bien que nous sommes restés en France pour la Coupe du Monde de 1994 aux Etats-Unis. J'aime tellement les vacances, que ce fût le bonheur parfait de ne pas être contraint de voir les Bleus la jouer.
Allez, trêve de balivernes. En fait je me donne plus d'importance que j'en ai vraiment. Pour cette non qualification. Moi je suis responsable, le coupable c'est David Ginola. Enfin c'était. Car pour lui tu écris maintenant que tu t'es trompé. Il est vrai que vous êtes collègues de bureau dans la même chaine de télévision. Donc David n'est plus coupable (il demeure quand même rancunier). Il n'y a plus qu'un responsable : MOI.
Rassure toi mon Gégé , j'ai les épaules larges et je veux bien endosser mes défaites... et les tiennes avec, si cela te fait du bien et te permet de garder de toi cette image glorieuse qui te va si bien.
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